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F.F.K.A.M.A
Intervenant : Philippe Darchis-Dorléans
Sommaire :
2 - Les différents types de souplesse :
Quel que soit l'art martial pratiqué, aucun échauffement ne saurait faire l'impasse sur le travail de la souplesse.
Mais qu'entend-t-on par « souplesse » ? s'agit-il de la seule souplesse du corps ? la souplesse se limite-t-elle à la possibilité ou non d'exécuter le grand écart ? et si non existent-ils d'autres types de souplesse ? si oui comment les travaillent-t-on , à quelle fins ? enfin est-elle une fin en soi ? pourquoi devenir souple ?
Souplesse naturelle et souplesse travaillée :
Il va de soi que cette optique est à proscrire parce :
Expérience perso : Pour ma part, j'ai développé au fil du temps une perception virtuelle de mon corps qui m'oblige ainsi à ne rien négliger. Je sais, sans les voir, dans quel sens sont orientées mes chevilles, mes bras, l'axe de mon bassin. Aussi, rappelez-vous que l'être humain naît naturellement souple. Il n'y a qu'à observer un nourrisson qui se déplace, s'assoit ou s'accroupit. Ses muscles sont constamment souples et relâchés mais peuvent se contracter en une fraction de seconde. Le bassin reste ouvert en toute circonstance et même si ses appuis sont hasardeux, sa gestuelle, bien que maladroite, est un modèle de relâchement.
En conclusion, avant d'être souple dans son corps, l'élève doit l'être dans sa tête. Et s'il est important de devenir souple, il l'est encore plus de le rester !! On peut exécuter le grand écart sans être parfaitement "souple". La souplesse n'est pas une fin en soi. Elle participe au bien être et à l'expression générale de l'individu. Etre souple signifie plus que parvenir à exécuter tel ou tel mouvement ou position. C'est choisir la vie par opposition à la mort qui nous rend rigide et muet. 3 - Les bienfaits d'un travail de souplesse : Sur l'Individu : avant l'effort : prévenir les risques d'accidents musculaires et articulaires. après l'effort : meilleure récupération du corps, des muscles notamment. Possibilité d'enchainer plus facilement des épreuves ou des séances soutenues d'un stage. Sur sa Pratique :
remarques : Le travail de la souplesse est d'autant plus grand et durable qu'elle qu'il s'accompagne d'autres approches tels que la respiration ou le travail de l'ondulation du corps. A un niveau avancé en souplesse ou en Yoga, le travail de la respiration est même indispensable pour progresser davantage. En résumé, le travail de la souplesse physique - qu'il soit articulaire ou musculaire - n'est qu'une partie d'un tout beaucoup plus large. Avec quel état d'esprit travailler sa souplesse ? Savoir travailler sa souplesse c'est savoir gérer sa douleur. Autrement dit , procédez comme en Yoga, par paliers successifs. Lorsque la douleur se fait trop vive, ne cherchez pas à forcer davantage. Maîtrisez là, absorbez la, acceptez la, puis une fois dissipée, descendez d'un pallier supplémentaire et ainsi de suite. Respecter les règles essentielles de progressivité de l'effort, c'est se prémunir contre les incidents articulaires et musculaires et en un sens respecter votre corps 4 - les deux postulats au travail de souplesse et recommandations simples : Les postures d'échauffement que nous adoptons en karaté « Shotoki » s'inspirent des "asanas" propres au yoga qui mettent en action de manière progressive et dynamique - mais non brutale - les groupes musculaires utilisés en karaté. On n'atteint pas ses genoux avec sa tête avec plus de facilité en forçant sur ses bras comme un forcené. Au contraire, c'est la meilleure manière de s'abîmer la colonne vertébrale et de provoquer des micro-traumatismes irréversibles. Deux postulats de base :
Quelques recommandations élémentaires :
Travailler sa souplesse avec un partenaire (ou un tabouret...) augmentera en moyenne de 20 à 30% votre marge de progression. Et puis, pensez à vous frictionner les muscles avant l'échauffement et vous les masser après la douche. Utilisez un baume qui aura pour effet non pas d'échauffer votre muscle (le massage ne remplace pas l'échauffement...) mais de l'exciter, lui indiquer en sorte qu'il va travailler. C'est le genre de petit détail que l'on ne néglige plus quand on avance dans l'âge... La souplesse : excès et déviations : Les seuls véritables modèles en matière de souplesse demeurent les professeurs de Yoga. Pour le reste, méfiez-vous des conseils et des formules toutes faites prodigués dans la presse spécialisée pour réussir par exemple " le grand écart ". cela pourrait prêté à rire si de les recommandations ne desservaient pas - souvent de manière irréversible - bon nombre de pratiquants pour lesquels réussir le grand écart représente un "must", une fin en soi, Ainsi j'entends dire ici et là "... pour réussir le grand écart, il faut de la volonté, de la persévérance et du travail. Désolé de décevoir ceux qui croient à ce genre de fariboles mais pour certains réussir le grand écart sera quasiment impossible. A quoi bon gagner quelques centimètres de souplesse sachant que l'énergie et le temps investis pourraient être utilisés de manière plus fructueuse à développer d'autres approches ? Qui sont les modèles présentés comme modèles de souplesse ? en majorité des corps " body buildés ", qui ont travaillé leur souplesse en aveugle sans conscience intime et compréhension de leurs mécanismes intérieurs. Attendons de voir comment évolueront ces nouvelles gloires dans quelques années et nous verrons si leurs conseils est aussi efficaces qu'ils le prétendent.... A ce stade, il me paraît utile de rappeler quelques évidences... Enfin, ne vous laissez pas abuser pas les démonstrations de souplesse. Ce n'est pas parce qu'un tel parvient à exécuter un grand écart facial que son grand écart latéral sera forcément correct (d'autant qu'il existe non pas une mais deux manières d'exécuter un grand écart latéral selon que la hanche de la jambe arrière est placée - ce que l'on a l'habitude de voir - au centre et non tournée dans la direction de la jambe avant, position moins répandue et infiniment plus difficile). 6 - « Stretchkaraté » ou le principe d'ondulation. Le stretchkaraté est une nouvelle approche du stretching qui s'inspirent des techniques de karaté Shotokaï, de Yoga, de Shintaïdo et de stretching traditionnel. Fort de ces filiations, il conjugue le travail d'ondulation et de la souplesse mais sans l'esprit martial de compétition ou de self défense. Son but est de conserver voire augmenter le potentiel des pratiquants de manière harmonieuse et unifiée. Harmonieuse car les mouvements s'inscrivent sur un rythme donné par le professeur, unifiée car c'est tout le corps qui se meut à la manière d'une vague des genoux jusqu'à la nuque respectant ainsi le principe d'ondulation ». Expérience personnelle : Pendant des années, parce que je parvenais à faire le grand écart et autres positions "extrêmes" dont rêvent bon nombre de pratiquants de karaté, je croyais être souple, suffisamment pour ne pas remettre en question mon programme d'entraînement composé d'exercices statiques et dynamiques. Ce n'est qu'après avoir découvert le Shintaïdo que cette vision s'est quelque peu modifiée. En effet, j'ai compris qu'un exercice d'étirement dynamique n'était pas synonyme d'exercice effectué à la va vite, à rythme soutenu. Le "dynamisme" dont je parle tient compte du rythme bien sûr mais aussi de la manière dont s'articulent les chaînes musculaires et articulaires. Ainsi pour chaque exercice d'étirement plutôt que d'amener - même correctement c'est à dire le dos droit sur la jambe la tête tendue loin devant - j'amène mon corps sur ma jambe en insufflant à mon buste et donc à ma colonne vertébrale un mouvement d'ondulation comparable au mouvement d'une vague qui déferle ou à un serpent qui se dresse et se rabat au sol. Cette ondulation peut prendre alors deux directions inversées. Soit j'amène mon buste le dos droit sur ma jambe puis termine le mouvement le dos rond, soit je commence par la rentrer vers mon ventre puis déplie toute ma colonne vertébrale afin de revenir le dos droit. Les avantages d'une telle pratique sont multiples : A procéder ainsi, vous travaillez... Assez éprouvant et surprenant au départ, ce travail d'ondulation est la voie royale vers la souplesse du corps et le "bien être" que procure cette souplesse. Attention, quoiqu'en disent les tenants du Shintaïdo, cette pratique peut occasionner d'importants traumatismes au niveau des articulations (genoux notamment à cause des fameux "sauts de canards") et du dos...!!
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